Titre d’article en clin ou d’oeil ou en écho à la démarche de Camille Binet-Dezert (https://www.facebook.com/Fabriqueenutopie/ et hashtag #resisteprouvequetureprises) qui, de brocantes en brocantes, a retrouvé les manuels de nos aïeules et petit à petit a acquis et partagé l’expertise du reprisage. Sa démarche est simple : elle constate que l’industrie de la mode est la seconde plus polluante au monde. La fabrication des tissus l’est par nature et la domination du marché par la fast fashion aggrave le cas en produisant du peu durable à bas prix.
J’ai suivi le cours de reprisage/ravaudage que Camille Binet-Dezert propose sur Artesane ( Repriser et raccommoder : je ne jette plus mes vetements ) et j’ai découvert que les techniques de reprisage et de ravaudage sont des déclinaisons de… la broderie! Et entre la broderie et moi, c’est une longue histoire d’amour, même si je ne vous en ai jamais parlé sur ce blog…
C’est donc avec surprise que je réalise que cette activité que je croyais déprimante m’ouvre au contraire la perspective d’agréables soirées… Puis ce faisant, j’ai l’impression de retrouver un peu ma grand-mère disparue depuis longtemps mais aux côtés de qui j’ai grandi. Dans son vieux fauteuil élimé qu’elle appelait « club », Bobonne reprisait les chaussettes.
A travers mes yeux d’enfants, je la regardais avec horreur glisser ses mains noueuses à l’intérieur de nos chaussettes, les étirer si fort et combler inlassablement les trous en faisant glisser l’aiguille sur le bombé de son poignet. Ensuite, les chaussettes retrouvaient nos pieds et j’avoue avoir détesté au touché, le rugueux des endroits raccommodés.
Mais aujourd’hui, la reprise est un acte de résistance comme le dit Camille Binet-Dézert. C’est le refus de jeter ce qui peut, à peu d’efforts, encore servir. C’est contribuer à moins consommer et ce faisant, à moins polluer.
C’est du moins ce dont j’essaie de convaincre mes enfants en commençant par la moins ados de tous : notre apprentie couturière Anabelle déjà bien connue de ce blog. Specimen parfait pour tenter une approche, Anabelle est sans conteste la championne toutes catégories des pantalons troués.
Notez que j’ai d’abord tenté une stratégie préventive! Mes lecteurs les plus fidèles se souviendront des modèles de Wanderer (Ottobre) que je lui ai cousus, profitant de ce que ce modèle me permettait de doubler, parfois tripler, les zones de genoux. D’autres verront toute la malice dans le choix du Sarouel Burda, décoré fort opportunément au niveau du genou! A l’exception du sarouel, moins porté, tous ces pantalons néanmoins ont fini vaincus.
Donc, merci Camille Binet-Dezert, l’heure de la stratégie curative a sonné! Dans son cours, Camille propose une approche moderne pour réhabiliter les jeans usés. En effet, dans le temps, l’art du reprisage était aussi l’art du camouflage. Les vêtements raccommodés sentaient la pauvreté et il convenait de les faire discrets. Aujourd’hui, le raccommodage est une bannière, il est la fierté de ceux qui donnent priorité à la planète et à l’avenir.
Dans ces conditions, raccommoder devient drôle et créatif! Jugez plutôt. Après avoir coupé les effilochures aux abords des deux trous du jeans noir d’Anabelle, j’ai, suivant les consignes de Camille, thermocollé des chutes de tissu pour combler les trous. Mon choix s’est spontanément porté sur des chutes de coton au motif de renard (voir Maître Renard). Il m’a fallu ensuite trouver dans ma boîte à cotons moulinés des tons assortis.
Ensuite, j’ai entrepris de fixer une seconde fois le tissu de réparation en réalisant aux contours du trou un grossier point de feston. En rouge pour une jambe, en vert pour l’autre.
Enfin, pour fixer au maximum la toile thermocollante à l’envers du jeans, j’ai rebordé sur toute sa surface des motifs imaginés dans la foulée. Plaisir garanti!
Mais l’intéressée me direz-vous, qu’en pense-t-elle? Pas charmée à vrai dire : le rouge est trop voyant, les broderies c’est nul : ça fait enfant et ça fait fille! En effet… C’est juste que moi, je la voyais comme une enfant. Où avais-je la tête! Elle a 10 ans tout de même! Cela dit, elle fait contre mauvaise fortune bon coeur car aujourd’hui est jour de rentrée scolaire pour notre Ana : le premier retour à l’école après le confinement et devinez ce qu’elle portait??
Bingo!
Pour ceux ou celles qui s’interrogeraient sur les pieds nus de la princesse, sachez qu’il s’agit là de son équipement de marche favori. Tant et tant que c’est à la veille de la rentrée en classe que nous nous sommes avisées que ses chaussures étaient désormais trop petites! Effet colatéral du confinement 😀
Et pendant ce temps, notre compagne d’Atelier ronronne… Portez-vous bien!