Adelise

Histoire d’une longue attente

Alors Adelise, c’est le modèle du mois de décembre dans le programme proposé par Christine Charles dans son livre « Passez votre CAP Couture avec Artesane.com ». Un modèle manches longues à composer durant les longues soirées d’hiver, entre une tisane et une giclée de pluie sur la vitre. Mais comme vous pouvez le constater, j’ai quelque peu allongé le trajet initialement conçu…

D’une part, j’ai le confort de n’être aucunement pressée, d’autre part, comme déjà raconté, mon atelier est squatté par mon matériel de bureau depuis que la COVID-19 me contraint à prester professionnellement la plupart du temps à domicile. Alors en l’état, mes machines à coudre ne sont plus au même étage que ma planche à repasser. Les couturiers et couturières parmi vous comprendront sans plus d’explications ce qu’il m’en coûte 🙂

Donc, cette Adelise faite pour être cousue dans un mood de fêtes de fin d’année a été réalisée entre le printemps et l’été 2021. Notez bien que du coup, l’aspect « giclée de pluie sur les vitres » n’avait rien à envier à la froide saison! L’aspect « tisane » était conséquemment aussi au rendez-vous et au final, coudre un modèle manches longues, ça le faisait!

J’en veux pour preuve que la bénéficiaire du produit final n’a pas pu attendre la séance de photos avant d’entrer dans sa nouvelle acquisition pour une séance de « roulé en boule » dans le divan devant la télé (si, si je vous jure…) Vous pardonnerez je l’espère les abominables plis qui sont nés de ce traitement inapproprié. Cela dit, ça montre aussi comment se comporte ce tissu dont il sera question plus bas.

Donc, Adelise est adulée, adoptée dans la garde-robe de ma grande adolescente « qui-ne-porte-pas-n’importe-quoi ». Mais dans le programme CAP, la satisfaction du client est secondaire, ce qui compte, ce sont les millimètres, l’application correcte des techniques en cause. Alors de ce côté, où en sommes-nous?

Gestion du tissu

Pas de précaution particulière pour un coton de qualité de poids normal (entre 105 et 150 grammes par mètre laize) me direz-vous. Oui. Oui, mais! Il s’agit d’un coton fil-à-fil dont il est impossible de distinguer l’envers de l’endroit à l’oeil nu et qui marque sans pardon les piqûres d’assemblage.

Le seul moyen que j’ai trouvé pour identifier sûrement l’envers de l’endroit est de me rapporter aux petits trous qui percent les lisières du tissu : sur l’endroit les trous présentent de légères bosses et sur l’envers de légers creux. Les bosses ne sont pas facilement visibles mais se sentent assez bien lorsqu’on y passe le doigt.

Cet exercice étant réalisé, j’ai consciencieusement appliqué un ruban adhésif mat sur chacune de mes pièces pour indiquer l’envers. Vous verrez plus bas que ces précautions ne sont ni superflues ni suffisantes 😉

Les défis du buste

Après cela, je me suis jetée dans la gamme de montage avec d’autant plus d’empressement que ma fille trépignait d’impatience : elle a véritablement flashé sur ce modèle dès qu’elle l’a aperçu dans le livre. Notez que c’est tout bénéfice pour moi quand un modèle de Christine plaît à ma fille car elle fait une taille 38 (ma fille, pas Christine. Quoique, je n’en sais rien :-D) et c’est dans cette taille que les patrons papier sont délivrés dans le livre (pour les autres tailles, ce sont des PDF téléchargeables en A4 ou A0 au choix).

Bref, je m’empresse, j’ai des ailes et nous voici très tôt avec un buste satisfaisant :

  • Symétrie des pièces anthracites (à un millimètre près hélas comme le montre la photo ci-desssous)
  • Patte de boutonnage bien entoilée, bien alignée
  • Double empiècement en sandwich réussi (c’était pas le premier! Souvenez-vous de mon émerveillement à la découverte de cette technique pourtant classique dans mon article Four fellows)

L’épreuve des manches

Je n’étais pas spécialement stressée par les manches. Ce n’est pas mon premier chemisier. Pourtant, j’étais curieuse de découvrir deux techniques que je n’avais encore jamais pratiquées : la fente simple avec parmenture surpiquée et la patte de boutonnage sortante aux poignets. Curieusement, j’avais déjà pratiqué la patte capucin et la fente indéchirable mais la fente simple, non.

En couture, lorsqu’on est occupé à travailler les parties du vêtement qui existent en double comme typiquement les manches, il est recommandé de réaliser chaque étape d’un côté puis de l’autre, pour garantir une homogénéité de traitement. Ce faisant, après avoir pratiqué la fente à droite, j’ai pratiqué la fente à gauche, puis j’ai posé le poignet à la manche droite et ai ensuite entrepris celui de la manche gauche et là… « Horreur et damnation!! »

L’évidence m’a sauté aux yeux : l’une des manches était cousue et montée sur l’envers du tissu pourtant dûment marqué. Cette erreur s’est avérée irréparable. En effet, la fente ayant déjà été montée, avec sa parementure, nul découd-vite ne pouvais me secourir. Sans parler du coton fil-à-fil qui marque sans concession les trous occasionnés par les coutures.

L’unique solution était la plus chronophage et la plus couteuse : recommander 50 cm de coton chez Stragier et recommencer la manche gauche. Cette interruption m’a lancée dans une boucle de procrastination que j’ai un temps songée infinie. Mais je vous écris n’est-ce pas, ce qui signifie que le défi devait avoir une fin.

Voici mon évaluation du résultat final :

  • Symétrie entre les poignets : échec cuisant, en particulier sur la surpiqure en « U » le long de la fente. Les consignes prévoient que la fente finie mesure 2 mm au bas du « U » et que la surpiqure se place à 5mm du bord de fente. Sur ce dernier point, en haut du « U », nous avons une manche à 7 et l’autre à 3. Ouille! En plus, ça se voit et se voit d’autant mieux que le fil enthracite est très contrastant sur le « bleu nuage » du tissu! Moi qui pensais en avoir fini de suer avec cette précision au millimètre… Serait-ce comme pour la plupart des nouvelles compétences? Que c’est au moment où on pense les maîtriser qu’elles nous rappellent à l’ordre?
  • Résorption d’embu et pose des manches : là, au moins, rien à dire, ça roule. Sauf que je n’arrive toujours pas à résorber l’embu sans poser de fil de fronces préalable. Je crois que pour cela, je ne m’en sortirai qu’avec une bonne vidéo bien faite. Peut-être d’ailleurs une parmi la série des 1001 techniques de couture que propose Christine sur le site d’Artesane. A voir. Pas d’urgence en ce moment car après tout, le fil de fronce fonctionne.
  • La patte de boutonnage sortante a été correctement exécutée d’un côté (photo n°1 ci-dessous) tandis que de l’autre, votre gaffeuse préférée a posé les boutons sur la partie réservée aux boutonnières et les boutonnières là où il eût fallu poser les boutons (photo n°2). Hormis cette distraction impardonnable, la réalisation n’a pas posé de grande difficulté et j’aime bien ce rendu : les deux côtés en bas de fente se rejoignent naturellement et le surplus de patte est caché sous les boutonnières. C’est plaisant. J’ai moins d’enthousiasme pour la fente avec parmenture. La parmenture se voit pour l’ouverture de la fente et c’est moins joli qu’une finition « capucin ». Cela dit, les deux techniques permettent des variations de style potentiellement intéressantes.

En conclusion

Voici un modèle qui ne valide pas ma capacité actuelle à passer un CAP Couture mais une pièce qui fera de l’usage, ce qui me console assez largement.

A noter : Les boutons et boutonnières ne font pas partie de la matière à connaître pour le CAP Couture car dans l’industrie, ils font l’objet d’une étape de montage distincte soutenue par des machines particulières.

Ici, bien sûr, je ne pouvais offrir ce chemisier à ma fille sans lui donner les moyen de le boutonner 🙂 J’ai opté pour des boutons de forme carrée aux coins arrondis qui allaient bien avec le côté « géométrique » du modèle et dont la couleur anthracite présente çà et là des nuances qui rappellent le bleu de l’autre tissu.

Ceci me permet de vous raconter que si j’ai toujours effectué mes boutonnières à la machine ainsi que la pose des boutons, je travaille actuellement à les réaliser à la main. Les finitions me paraissent tellement plus propres : plus aucun fil visible et + de régularité (ma machine ne fait pas des points semblables du côté gauche et du côté droit de la boutonnière).

J’espère pouvoir dès lors vous montrer sous peu une réalisation qui implique des boutonnières « à la main » et des boutons posés de même. Pour l’instant, je fais des gammes alors patience! 😉

CAP Mois 1 : Le basique à coudre

Grande odyssée d’une petite jupe droite

Dans le programme d’apprentissage du livre « Passez votre CAP avec Artesane.Com », chaque mois se décline à travers un certains nombre de rubriques récurrentes qui visent tantôt des connaissances théoriques, tantôt des exercices pratiques. Ces derniers connaissent chaque mois deux moments forts : la couture d’un basique de la couture et la réalisation d’une pièce plus complexe, le modèle du mois, dont le patron est fourni avec le livre.

Le présent article est consacré au basique à coudre pour ce premier mois de la course au CAP : une jupe droite, dotée de deux pinces sur le devant et deux pinces dans le dos.

Le choix d’un patron et d’un tissu

A l’inverse du modèle du mois, le basique du mois ne repose pas sur un patron fourni avec le livre. L’auteure spécifie simplement les caractéristiques que le vêtement doit présenter pour rencontrer les objectifs pédagogiques et à nous de rechercher le patron adéquat. Perso, j’adore cette approche car elle nous permet, tout en apprenant, de se confectionner des modèles qu’on apprécie!

Cela dit, pour celles ou ceux qui n’ont pas envie de repasser toute leur patronthèque en revue à la recherche du modèle parfait (je ne peux pas le concevoir mais sait-on jamais), Artesane met à la disposition des lecteurs de Christine Charles une liste de modèles compatibles dans diverses marques. Çà donne des idées et c’est bien agréable, même si certains liens vers les modèles en question ne fonctionnent pas…

Pour la petite jupe droite, je me suis avisée que les caractéristiques requises correspondaient au patron de base d’une jupe droite dans la méthode de patronage de « dp Studio. Or, c’est justement sur ce patron élémentaire que je suis en train de faire mes armes en patronage! Eh oui! Encore un bénéfice colatéral du confinement!

Mon envie de patronner est présente depuis longtemps, le temps pour m’y lancer l’était beaucoup moins. Un premier effort est recensé dans ce vieil article mais ce travail était resté sans suite. Puis, est arrivée la mi-mars 2020 et son lot de bouleversements dans nos vies. Avec lui cependant naît une idée chez Artesane qui aura impacté mon année et peut-être même mon être : les master classes à domicile en libre accès.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ces soirées cocoon passées dans nos salons respectifs à disserter de nos loisirs préférés, à dessiner, coudre ou…patronner! C’est dans une soirée pilotée par Christine Charles (encore elle!) que j’ai à nouveau senti la flamme du patronage embraser tout mon être. Et à ce moment-là, du temps, j’en avais : les heures de trajet vers et depuis le bureau et/ou l’école m’étaient épargnés, ainsi que les séquences « devoirs et leçons » aux côtés de ma parfois renâclante Anabelle.

Après la masterclasse avec Christine Charles, je me suis offert le cours de patronage de Dominique Pellen sur le site d’Artesane et aujourd’hui, je suis très fière de vous présenter une jupe de base réalisée sur-mesure pour ma grande jeune fille. Vous l’aurez compris, je valorise doublement ce résultat! Il consacre mes premiers pas dans le programme CAP de Christine Charles et il témoigne de mes nouvelles et encore fragiles compétences en patronage.

Sur le patron, rien à dire : les explications de Dominique Pellen sont limpides et facilitent grandement l’entreprise. Lors du premier essai, j’ai seulement raté les courbes du tour de taille. C’est clairement la partie la plus délicate : d’une part la somme des arcs doit correspondre au millimètre près au tour de taille de la cliente (+ aisance) et d’autre part, les courbes, une fois les pinces fermées, doivent venir s’aligner parfaitement pour former un tour de taille lisse.

J’ai donc gommé et redessiné les courbes en suivant scrupuleusement la video d’Artesane et j’ai testé mon petit patron dans une mousseline de coton : la toile était parfaite : une ligne de taille hyper régulière et une cliente ravie. Pourtant, satisfaire une jeune fille de 16 ans sur le plan vestimentaire, ce n’est pas rien! D’ailleurs, sa satisfaction a vite cédé la place à son impatience de recevoir la version définitive qu’elle a commandé dans une gabardine bleu marine.

Petite contrainte sur les basique du mois : comme les fournitures destinées à réaliser les modèles du mois sont relativement coûteuses, les basiques se feront dans des tissus de stock exclusivement. Et du stock en gabardine bleue, j’ai! Cela dit, ma grande fille qui a des goûts classiques et un penchant pour les couleurs sombres a de suite adopté l’idée de ce tissu de bonne tenue.

L’état des apprentissages

Ca, c’est la magie qu’opère à chaque fois sur moi Christine Charles : au départ, je suis sûre de savoir faire le truc, puis je sors convaincue qu’il n’en n’est rien ET (c’est pour çà que c’est magique) je suis carrément contente! Cette jupe, par exemple, je n’en vois que les erreurs et approximations qui m’ont échappées et pourtant, objectivement, c’est le vêtement le plus propre et le plus rigoureux que j’aie jamais sorti de l’atelier.

Une jupe droite! « Nan mais là tu plaisantes Sophie, repasse le contenu de ton blog, tu vas revenir à la raison! Bien sûr tu couds une jupe droite en fermant les yeux! » Eh bien, non je vous assure, … Concrètement, qu’est-ce que j’ai appris, qu’est-ce qui m’a frappée, qu’est-ce que je retiens et qu’est-ce qui me résiste encore? Voici mon bilan!

Marquer précisément

C’est la première fois que je teste un parquage avec carbone et roulette. Ca semble assez précis et en tous cas très rapide.

Anabelle adore me regarder faire et je sens qu’elle s’y essaiera volontiers 🙂

Repasser une pince

J’y arrive paaaas… Les pinces semblent bien cousues, les finitions sont propres. Mais le repassage est navrant. Ma maman qui n’a pourtant pas lu les trucs et astuces de Christine Charles, me certifie que je dois utiliser un coussin tailleur, que le bord de la planche à repasser ne suffit pas à préserver l’arrondi nécessaire. Oups! Christine Charles l’avait bien écrit… Et un patron de coussin tailleur est disponible dans les supports en ligne. Je n’ai plus aucune excuse. J’essaierai dès que la jupe revient pour une première lessive car je ne pourrai pas aisément la reprendre à mon adolescente comblée.

Les pinces pseudo-repassées…
Poser un zip

OK, j’y arrivais déjà mais pas avec la même méthode! Et ici, le résultat est tellement beau que je trouve l’arrière de la jupe plus beau que l’avant!

Poser un gros grain de taille

« Oui, alors pour la taille de la jupe, on va faire simple hein les amis, on utilise un gros grain ». Eh bien, en ce qui me concerne, je n’avais jamais imaginé qu’on pouvait utiliser un gros grain comme finition pour une taille de jupe! Cela dit, ça ne pose pas de grosses difficultés et c’est une méthode que je suis contente de connaître désormais. Rapport effort/finition excellent! Après, j’avoue, je me suis vraiment laissée distraire et il faut faire attention : le gros grain, ça s’effiloche à vive allure! J’ai encaissé une petite imprécision à la taille liée au fait que mon centimètre de gros grain à rentrer ne faisait plus du tout un centimètre au moment idoine. J’avais mis mon doigt sur un fil qui dépassait légèrement, j’avais tiré en déplaçant l’ouvrage et… encore un peu je me retrouve sans gros grain!

Autre difficulté toujours en cours de résolution : la fixation par petits point du gros grain au niveau des pinces crée des tensions et des plis intempestifs. Je pense que je vais les supprimer carrément…

Réaliser un ourlet en double rempli surpiqué

Vous savez quoi? L’ourlet, c’était classiquement l’étape qui me saoulait. Tout est fait, on a déjà envie de porter le vêtement mais non! Il reste cette foutue couture droite sans intérêt, longue comme un jour sans pain et c’était toujours dans un mood assez déplorable que je me mettais à l’oeuvre. Et l’humeur, en couture, ça se paie souvent cash. Ici, j’ai suivi chaque étape décrite par Christine Charles et j’ai réalisé l’ourlet le plus jouissif de ma carrière de couturière amateure : le truc parfait qui ne varie pas d’un millimètre et qui n’a ni début ni fin! C’est surtout cet aspect qui m’impressionne : le point de départ et le point d’arrivée se rencontrent parfaitement au sein d’un même point et c’est tout. C’est propre, c’est beau, j’adore.

Surfiler une pièce

Je reviens sur un pré-requis du mois zéro qui continue à manquer. J’ai surfilé les pièces de ma jupe avec ma toute nouvelle compagne, une surfileuse raseuse parfaite. Mais je sens que j’ai encore besoin d’entraînement avec elle. Surfiler sans raser n’est pas accessible comme çà immédiatement, si?

Voici l’endroit de l’ourlet où se rencontrent parfaitement le point de départ et le point d’arrivée. Satisfaction garantie!!!

Ensuite, il suffit de rentrer proprement les fils et l’ourlet est magnifique.

Mon bilan à ce stade : je redécouvre mes pratiques couturières, j’apprends et je suis fière de ce que je produis. J’avoue qu’il est parfois chronophage de remettre en causes toutes ses habitudes pour se conformer aux consignes et suggestions du livre mais je m’y contrains car c’est la seule façon de progresser.

J’ai hâte de vous réécrire, peut-être au sujet du modèle de mois? Je sais déjà qu’il présente quelques exigences à ne pas sous-estimer…

A très vite!

CAP Mois Zéro : zéro répit!

Des gammes et des arpèges…

Août 2020 (ou ce qu’il en reste) : mois de préparation avant le lancement des opérations sérieuses dans la course au CAP orchestrée par Christine Charles dans son livre intitulé « Passez votre CAP Couture avec Artesane.com ». N’allez pas songer à quelque causerie en dilettante sur le métier de couturière car la liste des pré-requis dressée par l’auteure mérite un peu de temps et de soins, même pour les couturières amateures qui pensent en avoir vu d’autres.

Pour ma part, ces fameux pré-requis, matériels, théoriques ou pratiques, se répartissent en trois catégories :

  • Ceux dont je me dispense parce que, vraiment, je gère – ou du moins en suis-je persuadée 🙂
  • Ceux qui  méritent vérification
  • Ceux qui vont me faire sukkeler* sévère

* Pour les lecteurs non Bruxellois (qui sont une large majorité), sukkeler, c’est ramer, souffrir, suer à goutte, mâchouiller le crayon jusqu’à ce qu’il se transforme en sciure de bois,… Enfin, un peu tout çà en un seul mot.

Voyons ça de plus près voulez-vous?

Catégorie 1 : Sophie gère trop bien 😀

Hauts les coeurs, commençons par se booster le moral en listant les acquis bien acquis (le chat de l’atelier affalé à mes côtés à du mal à ronronner plus fort que moi 😉 :

  • Les bases de la couture à la main : eh oui, je viens d’une génération et d’une région où la couture manuelle s’enseignait à l’école. Comme j’adorais çà par dessus le marché, que ma maman a une formation en couture, qu’avant de m’offrir une machine, j’ai tout de même cousu quelques vêtements complètement à la main, que j’ai aussi beaucoup brodé, et que le bout de mes doigts en est délicieusement buriné (je déteste les dés à coudre), j’estime que ce pré-requis est acquis 😀
  • Les bases du dessin de mode : oufti! (comme on dit à Liège) Christine trouve que c’est un pré-requis! Perso, ça ira mais si elle m’avait demandé ce genre de « bases » il y a seulement 6 mois, j’aurais bien déchanté. Seulement voilà, pendant le confinement, Artesane a organisé des Master Classes, c’est-à-dire des séances avec les professeurs et partenaires d’Artesane, qui, en direct depuis leur salon vous offraient comme çà, tranquilles, des cours de dessin, de dessin de mode, de patronage, de couture de lingerie, de calligraphie,… J’en passe. Mais à cette occasion, j’ai bien mordu aux séance de dessin et de dessin de mode de Marie-Gabrielle Berland. Tant et tant que je les ai complétés d’autres cours du catalogue Artesane (avec cette fois aussi Rebecca Meurin) sur le même thème et finalement, là, au niveau « pré-requis de base », je me sens comme un fil dans le chas d’une aiguille. Mais… au niveau « pré-requis » seulement! J’ai hâte d’apprendre.

  • Les bases du patronage : pour les mêmes raisons que celles évoquées pour les bases du dessin de mode, je peux affirmer disposer des connaissances préalables en la matière. Je vais d’ailleurs tenter d’utiliser parfois, pour la réalisation des pièces mensuelles basiques du programme, des patrons sur mesure réalisés par mes soins. En septembre notamment lors de la réalisation d’une jupe droite. Les essayages de la toile sont en cours et la cliente (une ado qui me sert de fille) est satisfaite, ce qui est en soi un succès. Affaire à suivre!

  • Les bases de la technologie textile : en tant que pré-requis, c’est ok aussi, même si j’attends avec impatience de creuser le sujet courant d’année. Ces connaissances, je les dois à un intérêt naturel pour la chose et un livre qui m’est tombé entre les mains et qui ne quitte pas ma table de nuit : Stylisme : Les textiles de Gaïl Baugh.

Catégorie 2 : une vérification s’impose

  • La disponibilité du bon matériel : je suis peut-être bien la reine du système D en la matière, alors je dois me faire violence et veiller une fois pour toute à disposer d’un matériel robuste et suffisant pour les objectifs que je m’assigne. Un coup d’oeil à la liste de Christine et j’identifie quelques carences légères à lourdes, que je ne pourrai pas régler d’un coup. Je liste ci-dessous uniquement les éléments qui me manquent ou ne sont pas top top… :
    • La machine familiale : je me contenterai de l’existante même si elle ne répond pas tout à fait au critère « épaisseur des tissus tolérée ».

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    • Une zone de coupe permanente :  ce sera la table de la salle à manger, comme d’hab’ et rien d’autre.
    • La surjeteuse : elle vient d’arriver par la poste pour mon anniversaire! Gâtée la Sophie par son marinou : la surjeteuse b44 Funlock de Bernina (Bernette), s’il vous plaît! Avec tous les réglages manuels, comme suggéré par Christine Charles. Je l’ai testée aujourd’hui même et que dire… C’est juste addictif et JE L’AIME!

    • Le poste de repassage avec centrale vapeur. C’était l’un ou l’autre, la surjeteuse ou la centrale, et mon coeur s’est déchiré là-dessus mais tant pis. Je conserverai mon « biesse* » fer, cadeau de mariage qui me rend service depuis… 24 ans genre. Robuste la bête! Mais je ne vais tout de même pas le laisser tomber dans l’escalier malencontreusement si? * biesse fer =  fer classique.
    • Les ciseaux : ça va si le même marinou si sympa avec sa surjeteuse ne devient pas un diable qui emporte mes ciseaux à tissu pour couper n’importe quoi. Grrrr. Sur le même sujet (parce que des diables il y en a dans tous les foyers), j’ai entendu Anne-Sarah d’Artesane suggérer un cadenas! Chiche!
    • Les épingles : je manque d’épingles fines, je m’en suis procuré. Ca fait des années que je vois mes tissus s’abîmer sous la prise d’épingles de supérettes et il me faut attendre de lire noir sur blanc que c’est inacceptable pour réagir. Parfois j’ai honte!
    • Les outils de marquage : là, j’ai à faire parce que j’utilise vraiment n’importe quoi pour marquer. De plus, j’ai toujours bâclé un peu cette étape pourtant cruciale. Alors autant accompagner mes bonnes résolutions avec du matériel adéquat, histoire de se mettre en ordre de bataille : la roulette est arrivée par la poste et ma mercerie a commandé du papier carbonne. Le marquage… Rien qu’en pensée, je me sens déjà stressée. La patience va être un défi permanent dans cette aventure CAP…

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Et voilà! Pour le reste du matos, j’ai déjà, je suis prête!

  • Les bases de la coupe : oui, bon… Ca va un peu avec le marquage hein. Quand on bâcle l’un, on a du mal à ne pas bâcler l’autre… Révision complète donc depuis la remise à l’équerre du tissu (je ne faisais jamais çà – vive le faux-biais!) jusqu’au marquage. Par grande chance, je peux « sauter » les passages bien connus sur le vocabulaire employé et les symboles patron.
  • Les bases de la couture machine (machine classique) : je connais ma machine et tous ses réglages, cela va sans dire. Par contre, oserais-je jurer que mes coutures sont précises? Vu que mon marquage ne l’est pas, forcément, non, je n’oserais rien affirmer. Suis-je même capable de dire, comme çà, à brûle pourpoint, si je peux coudre en suivant une ligne droite sans jamais m’en écarter de plus d’un millimètre (écart toléré lors du CAP)? Je parie que oui mais je ne sais pas le dire, je n’ai jamais essayé. C’est donc avec curiosité et intérêt que je me suis lancée dans les 36 exercices proposés par Christine Charles. 36 exercices qui sont un peu les lignes d’écriture de la couturière.

Bilan technique :

  • Coutures droites dans le droit-fil : ok
  • Coutures droites dans le biais : ok
  • Coutures droites parallèles : ok mais plus ok dans le droit-fil que dans le biais et plus ok pour coudre les parallèles à droite de la ligne repère qu’à gauche. Etonnant! Je n’ai pas fini avec çà, je sens que je vais faire des gammes souvent 😀 Par curiosité, je me suis mise à tester une couture droite dans la trame : surprenant de voir son fil dévier ainsi sans rien faire. Je n’avais jamais fait attention à cela.
  • Coutures courbes : ok

Bilan personnel : je ne couds déjà plus comme avant : tenir la ligne devient amusant et surtout CONSCIENT. Avant, je n’y prêtais pas beaucoup d’attention (c’était à peu près çà et c’était bien comme çà). De plus, les exercices proposés par Christine Charles ont attiré mon attention sur les différents comportements de la couture et du tissu suivant qu’on travaille le droit-fil ou le biais. J’appréhendais des lignes d’écriture bien ennuyeuses alors que finalement, ces exercices ont attisé ma curiosité. J’ai le sentiment de reprendre tout depuis le début mais sans plus griller d’étapes. Top!

Catégorie 3 : ça va être chaud!

  • Les bases de la couture machine (surjetteuse) : je n’ai jamais approché une surjeteuse de toute ma vie. Enfin, jusqu’à ce que ma nouvelle amie arrive dans les bras du facteur aujourd’hui. Jusqu’ici, je me contentais d’admirer les finitions des autres blogueuses (sb couture est sur ce sujet un de mes rendez-vous favoris : toujours aussi beau dedans que dehors avec elle!). Moi, je me tenais éloignée de cette machine coûteuse à l’air complexe avec ses 4 bobines. Trop impressionnante pour moi! Mais là, je n’y coupe pas. Ca fait partie du programme et surtout, ça fait partie de mes objectifs personnels : coudre du partageable, du transmissible, du durable. Le point zigzag de ma vieille compagne ne permet pas ce niveau de propreté et de solidité. Mais… Recevoir une machine par la poste ne va pas me transformer en super utilisatrice n’est-ce pas? Donc, les exercices proposés par Christine Charles sont bienvenus! En voici les premiers échantillons :

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  • Bien réagir face à un cahier de charges et lire une gamme de montage : Comment dire! C’est de l’info, à lire et relire, à retenir et sortir de sa tête au moment idoine. Donc, j’ai lu, relu et j’attends les premières réalisations de septembre pour vérifier ma compréhension.

Après ces préparatifs bien intenses, je vais m’offrir une semaine de repos avant d’entrer dans le vif du sujet en septembre. Je vous tiens au courant de mes mésavenures, promis!

Sophie

CAP Couture : Go/No go

La grande décision…

Ta-damm!

J’en ai mis du temps pour décider de me lancer dans l’aventure CAP! Attention! Mes intentions ne sont pas de présenter l’examen du CAP Couture et ce pour différentes raisons : je suis Belge et ne suis pas très sûre des conditions auxquelles je peux ou non m’inscrire à une épreuve typiquement française, je n’ai pas nécessairement envie de me retrouver à nouveau en position de récipiendaire stressée et enfin, je n’ai pas besoin de ce diplôme pour accéder à un métier qui me ferait virer à 180° sur le chemin professionnel et me mettrait, comme à 20 ans, dans la peau d’une débutante qui doit encore tout démontrer. Ce sont des efforts que j’ai déjà consentis dans des domaines loin de mes préoccupations couturières : les projets IT et la GRH. Je suis comblée de ce côté.

Alors Sophie? Tu nous écris pour nous dire que tu as beaucoup réfléchi et que tu ne franchis pas le pas? Passionnante ton histoire… A vrai dire, si je ne veux pas présenter l’épreuve du CAP Couture, j’ai cependant décidé de profiter d’un ouvrage de Christine Charles (Rêve à Soie), soutenu par Artesane et paru récemment aux éditions Eyrolles, pour faire de l’année académique 2020-2021 une année d’apprentissage rigoureux. J’utilise au quotidien des techniques de couture que j’accommode/réinvente en fonction de mes besoins avec des fortunes variées dont ce blog et vous-mêmes, chers lecteurs, êtes le témoin fidèle.

Jusqu’à présent, un résultat « suffisant » me réjouissait. Mais une fois passée -ou plutôt acquise! – l’euphorie de porter ce que je fabrique, il s’installe en moi un sentiment de « bricolage » qui me déprime et, ces derniers temps, m’éloigne de mon petit atelier (ou disons de l’espace réservé que j’appelle pompeusement comme cela :-D).

De plus, mon corps évolue avec l’âge (et surtout avec la perte d’activité physique liée au confinement/déconfinement responsable). Et je constate que je ne peux pas espérer transmettre mes vêtements-maison trop petits dans l’état de finition qui est le leur. Ils ne verraient jamais les rayons d’une boutique de seconde main, recalés lors du tri de base parcequ’un bout de zip « stitche » (je suis Belge, je rappelle), parce qu’une parmenture récalcitre, parce que le point zigzag dont se contente tous les débutants n’empêche pas les bords de prendre un aspect « effiloché grave », parce qu’un zip invisible ne l’est pas tant que çà, parce que, parce que…

Alors je suis là, assise entre deux chaises. Le bouton « couture » toujours allumé au tréfonds de mon cerveau mais affaibli par le découragement d’avoir dans un premier temps progressé si vite (merci au défi « garde-robe capsule 2017 » de Clotilde du blog Couture & Clo) pour ensuite stagner tout autant.

Notez au passage que mon malaise s’étend à mesure que j’ignore les principes élémentaires de la couture responsable : doutant avec raison de mon niveau de précision et donc du résultat final, je ne me résous que rarement à investir dans des étoffes de qualité et/ou disposant de solides labels écologiques. Ce matériau étant trop couteux pour ce que je risque d’en faire! Donc, vous le comprenez, je boucle un peu beaucoup sur ma chaise de couturière.

Mon envie? Réaliser des vêtements offrables, partageables, durables et donc transmissibles. Et pourquoi pas, dans la foulée, une fois assurée de mes compétences, organiser des ateliers, des groupes de partage, des causeries productives, autour de cette passion qui peut se montrer aussi délassante qu’utile! Sur ce thème de l’utilité, nous rappellerons-nous la vélocité des autorités publiques à collecter les ouvrages fait-main de tous les couturiers amateurs du pays pour tenter de pallier la carence en masques au plus fort de la pandémie?

Je veux donc booster le développement de ma technique pour ma fierté personnelle, pour la qualité de mes productions, pour partager ma passion, pour offrir sans rougir, en un mot pour GRANDIR. Parmi mes centres d’intérêt : la couture au service de l’up-cycling. Partager, susciter l’intérêt des mes semblables et développer la créativité et la connaissance collective en la matière me tient très à coeur.

Mais n’allons pas plus vite que la musique. Pour poursuivre ses rêves, il faut s’en donner les moyens et pour l’instant, je me sens trop fragile techniquement pour laisser libre cours à mes ambitions de partage. Alors, devant vous ce jour, je pose le premier pas du reste de ma vie couturière et déclare :

« Moi, Sophie, de l’atelier Des Gaufres au Guatemala, je décide publiquement vouloir en finir avec les systèmes D, les solutions « à peu près » et « à-la-va-vite » dont je ne suis finalement jamais très fière. »

Comment vais-je m’y prendre? Durant les mois de confinement, j’ai découvert à travers l’initiative des master classes le site de formation Artesane. Parmi les intervenants qui m’ont le plus marquée (et ils sont quelques-uns), Christine Charles! Une femme très carrée dans ses explications! On la sent sans concession, passionnée, compétente et quoique je me sente une personnalité très différente de la sienne, elle a le don de me mobiliser. J’ai dévoré ses videos et pour finir, quand j’ai appris qu’elle sortait un livre qui accompagne le programme du CAP Métiers de la mode Vêtements flous, j’ai pensé que peut-être, c’était l’outil que j’attendais pour sortir de l’impasse.

Je me suis procuré l’ouvrage et juste après avoir éprouvé le bonheur de retrouver Christine à chaque lecture partielle, j’ai vite pris la mesure de l’effort que ce livre allait exiger de moi si je voulais le suivre vraiment. C’est la raison pour laquelle j’ai tant  tardé à vous écrire. Je ne voulais pas prendre de décision à la légère, j’avais besoin de signer un véritable engagement envers moi-même. Je ne pouvais rien publier avant d’y croire vraiment, avant d’être convaincue intimement de la pertinence du défi que je m’impose.

Comme ce cap est franchi (à défaut du cap CAP si vous me suivez… ben oui : on peut vouloir évoluer en couture sans toutefois renoncer à son humour douteux n’est-ce pas?), parlons du plan! Le livre de Christine Charles décompose le programme du CAP en 9 mois (et je sens que ce ne sera pas la plus reposante de mes grossesses.) Je propose donc de publier sur ce blog l’histoire de mes essais/erreurs, l’état de mes apprentissage, l’état de mon moral aussi j’imagine 😉 en rapportant tout çà au mois de référence du livre.

Donc, je vous dis à très vite autour de ce que j’ai appelé le « Mois Zéro »! Car avant de balbutier sur les sentiers de la couture professionnelle, il y a déjà pas mal de boulot pour disposer des pré-requis, comme je vous l’expliquerai dans un article prochain. Eh oui! C’est Christine Charles à la barre! Vous ne voudriez pas qu’on prenne le thé en attendant l’examen non?

Je vous embrasse,

Sophie

 

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